Le bonheur et la peine sont deux émotions très courantes, mais sont-ils tous deux essentiels? Certains pensent que pour vivre le bonheur, il faut éprouver de la peine, afin d’en connaître la différence, mais est-ce vraiment le cas? Est-il possible de rester constamment dans un état de bonheur? Ou bien, est-on si « bien » ou « accro » à nos peines que la vie ne semble tout simplement pas complète sans elles chaque jour?
Combien de situations créons-nous chaque jour pour lesquelles on fait ensuite l’expérience de la peine? Un peu comme si on se confectionnait des attentes sur mesure… pour constater que l’autre a aussi tout son kit d’attentes qui ne demandent qu’à être satisfaites! Peut-être voudrait-on que les nuages disparaissent, que notre collègue soit de meilleure humeur, ou encore que notre équipe de football préférée puisse gagner le match avant de pouvoir être heureux ? La liste des choses qui peuvent emporter notre bonheur est sans fin, mais si on le leur permet. Pourtant, on fait exactement cela, on attend que les circonstances qui nous entourent soient conformes à nos désirs, et c’est alors seulement, qu’on se pense « être heureux ». Ou plus encore, on essaye de faire l’impossible et tentons de contrôler les situations autour de nous, alors qu’en réalité on doit se contrôler soi-même.
Pour quelles raison se crée-t-on de la peine en soi?
1) On le fait par habitude; on y est simplement habitué. Les réflexes se forment dans les premières années et on continue à les reproduire à l’âge adulte sans y penser à deux fois. Par exemple, disons que dans votre enfance, vous avez couru vers vos parents pour leur faire un câlin et leur dire bonjour. Mais à chaque fois, ils vous ont repoussé de loin et ont insisté pour que vous alliez d’abord vous brosser les dents. Ainsi, le schéma, et par conséquent le chagrin, est que je ne peux pas obtenir de l’amour si je ne suis pas pur ou propre. Plus tard dans la vie, on peut ressentir cela envers son conjoint ou les autres.
2) On est à l’aise avec cela. On est coincé dans nos zones de confort. On appelle cela une zone de « confort », car même si elle est inconfortable, elle nous est très familière et connue. Tout ce qui est inconnu est susceptible d’être inconfortable. On s’en tient donc à ce qu’on sait plutôt que de se plonger dans ce qui est nouveau, où des risques et toutes sortes de changements peuvent survenir. On pourrait prendre l’exemple d’un mariage malheureux. On y reste car partir créerait beaucoup d’incertitude.
3) On en profite. Oui, on apprécie parfois notre chagrin ! Cela crée un drame dans notre vie, on réussit à devenir les rois de notre drame, sans lesquelles la vie pourrait sembler bien ennuyeuse! Alors en ajoutant un peu de piquant et d’action, cela aide à traverser la vie !
4) On attire l’attention. Comme les jeunes enfants qui font des crises en se mettant en colère, ou comme la roue grinçante qui manque un peu d’huile dans ses rouages, nous aussi on se nourrit de nos chagrins et recevons ainsi l’attention désirée. Et une fois qu’on gagne cette attention, on se sent un peu plus heureux de nouveau… pendant un court moment !
5) On est accro. Oui, on est dépendant et tous ces points qui précèdent, entrent dans cette catégorie. Le chagrin, c’est comme une drogue. On en retire quelque chose, la libération d’un neurotransmetteur qui nous donne l’illusion qu’on est vivant.
La question la plus importante pourrait être celle-ci : est-ce que c’est la douleur qui emporte mon bonheur ou bien est-ce que je perds d’abord mon bonheur puis la douleur s’installe ? Qu’est-ce qui vient en premier ?
Le bonheur ou la félicité sont notre état naturel. On n’est pas naturellement triste et on ne s’efforce pas à être triste tout le temps. Par conséquent, le chagrin va et vient comme des nuages qui ne permettent pas au soleil du bonheur de briller. Alors réalisons que le bonheur est en nous tout le temps ! C’est nous qui portons sur nos épaules la peine des circonstances, ou créons du chagrin par rapport à une situation, obligeant notre bonheur à jouer à cache-cache pendant un certain temps.
Récemment, je faisais partie d’un groupe d’une cinquantaine de yogis qui séjournaient au sommet d’une montagne isolée, à quelque 2000 mètres d’altitude. Il y eut des coupures de courant à plusieurs reprises pendant d’assez longues périodes. On était sans lumière, sans chaleur, sans eau chaude et tous les autres conforts qui vont avec (pas de téléphone bien sûr), mais parce que ces méditants avaient développé au fil du temps une bonne force intérieure pour s’adapter aux situations, et surtout parce qu’ils l’avaient mise en pratique pendant une longue période de temps dans leur vie, rien ne put perturber leur bonheur. Tout le monde resta calme et enthousiaste. Alors qu’ils revoyaient à la baisse leurs attentes et augmentaient leur niveau de conscience, ils sont restés imperturbables. C’est devenu du camping haut de gamme, et tout le monde devint finalement reconnaissant du peu dont chacun disposait !
Ne prenons pas non plus sur nous la peine des situations à cause des faiblesses de quelqu’un d’autre. On peut être déçu quand quelqu’un ne tient pas ses promesses. On devient soi-même irrité quand quelqu’un d’autre se met en colère. On se retrouve soi-même agité à cause de l’agitation de quelqu’un d’autre. Mais, qui influence qui ici ? Le positif doit être nécessaire pour « inspirer » le négatif !
C’est donc à nous de décider de prendre ou non la peine des situations sur nos épaules. J’ai vu une vidéo intéressante récemment, qui comparait les réactions d’un ministre en chef de l’Inde avec celle du Premier ministre Modi. Lorsque tous deux ont eu à utiliser des micros défectueux lors de leurs discours, l’un a réagi brutalement, tandis que l’autre est resté très calme et détendu. Lequel préfère-t-on être? Un esclave des circonstances ou un roi sans souci ?
Il est temps… de rester heureux quoi qu’il arrive. Le bonheur est notre trésor inné. Oui, nous pouvons le partager, mais nul besoin de l’abandonner pour autant !
Traduit de © « It’s Time… » par Aruna Ladva, BK Publications Londres, Royaume-Uni